GLOSSAIRE

Quelques termes importants utilisés en parfumerie et dans le monde olfactif.

D’une source à l’autre, certaines définitions changent (surtout au niveau de la perception des odeurs : notes, accords, facettes…). J’essaie pour ma part de faire la synthèse de ces informations parfois contradictoires, d’y apporter un brin de logique – s’il y en a – et de proposer ci-dessous une liste non exhaustive mais que j’estime essentielle. Présentée dans un ordre non-alphabétique, elle tente plutôt de suivre un cheminement pédagogique.

• Molécule : groupe d’atomes liés entre eux, ayant des propriétés physico-chimiques précises. Sont concernées ici les molécules ayant surtout des facultés odoriférantes intéressant les parfumeurs, et basées sur des atomes de carbone (chimie organique). Ex: limonène, eugénol, calone, bêta-ionone, vétiverol, benzaldéhyde, cis-3 hexenol, etc.

Huile essentielle (ou essence de): substance (pas forcément huileuse !) extraite de matière naturelle (bois, fleur, feuille, racine, etc.) et composée de plusieurs dizaines (voire centaines) de molécules. On utilise l’expression à froid (agrumes) ou l’hydro-distillation. Ex: Essence de rose, huile essentielle de carotte (graines), huile ess. de santal blanc, etc.

• Matière : substance naturelle ou synthétique (mono ou poly-moléculaire) entrant dans une composition parfumée. Ex : essence de canelle, essence de baie rose, absolue de sapin baumier, indole, safranal, Veloutone, Hedione, Salicylate de benzyle, etc.

• Matière de synthèse : molécule n’existant pas dans la nature, conçue de toute pièce en laboratoire par des ingénieurs chimistes (la plupart des notes marines-aquatiques sont des matières de synthèse.) Ex : Lyral, Floralozone, Timberol, Pamplefleur, Paradisone, Maritima, etc.

• Isolat : Molécule isolée, extraite d’une matière naturelle par des procédés de laboratoire ; ou synthétisée (on parle alors d’ « identique nature ») pour des raisons pratiques, telle la vanilline. Ex : damascone, géraniol, acétate de cedryl, linalool, farnesol, anethol, aldéhyde C10, coumarine, etc.

• Concrète : substance d’origine naturelle extraite de végétaux par solvant volatil (hexane généralement) après macération. Le produit après évaporation, cireux et gorgé de matière odorante, est appelé concrète. Ex : concrète de tubéreuse, «beurre» d’iris, etc.

• Absolue : Il s’agit de la concrète rincée, débarassée de ses cires. Le produit obtenu est souvent plus visqueux, puissant et riche olfactivement que l’huile essentielle issue de la même matière.

• Note : Sensation olfactive relativement caractéristique, due à une ou plusieurs matières qui « donnent » la note (épicée, par exemple).

• Facette : Aspect odorant d’une composition, d’un accord, ou même d’une note, évoquant une matière précise. Sorte de «sous-note».  Exemple : La note verte de Vent Vert de Balmain a (entre autres) une facette galbanum… On utilise souvent «note» et «facette»  comme synonymes, ce qui semble ne pas être exact ; mais c’est sans réelle gravité.

• Accord : Résultat olfactif d’une combinaison d’au moins deux matières. Remarque : quand on perçoit un accord (chypre, par exemple) dans une composition, on parle souvent de « note » chyprée… A la différence de la musique qui les distingue clairement, notes et accords peuvent ici avoir le même sens…

• Composition : Art de faire se combiner des matières odorantes selon un arrangement  si possible équilibré et agréable tout au long de l’expérience parfumée. Plus complexe à mettre en oeuvre qu’un simple «mélange», dans la mesure ou chaque matière a des caractéristiques d’intensité et de persistance différentes… Raison pour laquelle il faut généralement plusieurs semaines voire plusieurs mois pour venir à bout d’une composition.

• Reconstitution (ou «Reco») : Composition parfumée, de synthèse, destinée à ressembler le plus possible à l’odeur de la matière naturelle dont elle porte le nom. Dans la parfumerie actuelle «grand public», pour des raisons économiques mais aussi de stabilité olfactive, toutes les fleurs sont des reconstitutions – quoique certaines d’entre elles, qualitatives,  peuvent renfermer jusqu’à 10 % d’absolue ou d’essence.

• Base : Assemblage équilibré de matières générant une sensation olfactive particulière (note ou facette), et destinée à entrer dans la composition d’une fragrance. Sorte de «morceau» de parfum – qui peut être agréable à sentir, voire à porter… Ex : Base chypre, base cassis, base bois exotique, base fruits rouges, etc. (Les liquides qui constituent la Palette Olfactive de Profil Fragrances® sont des bases. Mais pas encore tout à fait des parfums…)

• Pyramide olfactive : Schéma classique qui consiste à organiser les matières par volatilité décroissante. La «Tête» représentant les notes de l’envolée du parfum à la sortie du flacon, légères et éphémères ; le «Coeur», celles reponsables du sillage, plus durables ; le «Fond», les plus lourdes et persistantes, comme «âme» de la fragrance. C’est un concept très pratique et didactique, abondamment utilisé pour définir un parfum, mais qui ne correpond pas toujours à la réalité olfactive : toutes ces strates se confondent et s’accompagnent d’une certaine façon à tous les stades de l’expérience parfumée. D’autant que les prouesses de la chimie actuelle permettent désormais aux parfumeurs de mettre des notes vertes en fond… et des notes musquées en tête… (par exemple).

• Familles Olfactives : Classification des parfums en fonction de leur caractéristiques olfactives, variable selon les époques, les lieux et les acteurs concernés. La classification «officielle» actuelle ne compte que sept familles. Alors qu’on peut en dénombrer désormais neuf voire davantage selon les systèmes de classement.

• Nez : Personne spécialisée dans la connaissance olfactive des matières odorantes de la parfumerie, et surtout dans leur agencement en vue de la composition d’un parfum. Le métier de nez, de par le nombre de molécules qu’il doit en principe connaître (plusieurs milliers, même si son « orgue » est plus réduit) est soumis à un apprentissage long (on parle d’une dizaine d’années minimum). Comme son occupation principale est de sentir, il est presque toujours aidé d’un(e) assistant(e) qui lui pèse ses formules.

Orgue (à parfums). Palette de matières synthétiques et naturelles à la disposition de celui qui crée des fragrances. Présenté généralement sous forme de meuble étagé, il comporte de quelques dizaines à quelques centaines de flacons de produits. Un nez, malgré sa connaissance théorique de plusieurs milliers de matières, travaille avec une palette plus réduite, selon ses affinités et sa « patte ».

 

2 réflexions sur “GLOSSAIRE

  1. Bonjour,

    Merci pour la qualité de votre blog et pour la richesse de son contenu 🙂 ! Etant chimiste, je me permet toutefois de vous reprendre sur le terme « matière de synthèse » car les molécules synthétiques peuvent tout à fait avoir leurs équivalents dans la nature bien qu’elles soient produites en laboratoire. L’exemple type est celui de la vanilline que l’on retrouve dans l’absolu de vanille mais qui est le plus souvent produite grâce à la synthèse organique pour répondre à la forte demande. Je vous suggère donc d’utiliser plutôt le terme « matières artificielles » pour désigner ces molécules qui n’ont pas d’équivalents naturels.

    Bien à vous,

    Vincent

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  2. Bonjour et bienvenue. En parfumerie, on distingue la « matière de synthese » se trouvant aussi dans la nature (ce qui en effet est une appellation pas très heureuse) par le terme « identique nature », où rien, sur le plan moléculaire ne permet de distinguer les matières dont on parle – comme la vanilline en effet. Donc pour être très clair il faudrait, comme vous dites, trois appellations : Matières naturelles, Identiques nature, et Matières artificielles, oui. Mais hélas ce n’est pas officiel, et dans l’usage, les acteurs s’en moquent un peu, ont tendance à tout mélanger 🙂

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