Comme pas mal de monde, je fréquente régulièrement la « Coulée Verte », dans le 12ème à Paris. C’est une assez longue promenade, richement arborée et fleurie, très agréable en toutes saisons. On y vient volontiers pour courir. Il y a quelques jours j’ y ai croisé un couple qui pestait — c’est bien le mot — sur l’ «odeur de transpiration de tous ces connards qui font du footing». Dixit le monsieur, un poil énervé — et mal informé. Et de leur expliquer, calmement, qu’il n’en est rien : Une portion conséquente de l’allée est bordée de lauriers tin (viburnum tinus), buissons denses qui à l’automne voient une partie de leurs feuilles brunir, tomber et se décomposer au sol. Le résultat de la décomposition de certains végétaux (en particulier le laurier tin) est parfois assez nauséabond car elle produit, outre certains esters comme les butyrates, des acides puissants olfactivement, tels l’acide iso-valérique et l’acide phényl-acétique. L’odeur que ces délicats pensaient qu’elle provenait d’humains trop sportifs, vient de végétaux uniquement : une odeur animale, tendance excrémentielle / croûte de fromage. (Je reparlerai bientôt de l’acide phényl-acétique, une des molécules utilisées en parfumerie — quoique rarement — les plus tenaces et étonnantes de la palette…)
En revanche, il en va parfois tout autrement de l’odeur résultante de la décomposition de plantes telle l’aspérule odorante (galium odoratum) : ses feuilles mortes froissées sentent la vanille et l’héliotrope (car elles ont produit notamment de la coumarine, à l’odeur douce et agréable).
Fascinante Nature — qui connaît l’équilibre, n’est-ce pas 🙂