Ah cette formidable odeur, douce, fraîche et vivifiante ! Cette odeur qu’on attend – ou qui parfois nous surprend – quand il fait chaud et que des nuages noirs se profilent, menaçants mais prometteurs… D’où vient-elle ? Elle ne vient pas de l’eau, car l’eau, du ciel ou d’ailleurs, ne sent rien. Il n’y a en effet aucune molécule odorante dans H2O. En fait il a abus de langage : il ne s’agit pas de « l’odeur de la pluie », mais de l’odeur quand il pleut. Ou mieux : quand il a plu. La nature est alors gorgée d’eau, et les substances olfactives (huiles essentielles des végétaux, poussières du sol) sont partiellement dissoutes et se retrouvent dans la vapeur (sous forme d’aérosols) qui remonte ou émane des feuillages et autres (bois coupé, toit de chaume, champ labouré, bitume, etc.) On appelle cette odeur, pouvant être sujette à variations selon ce qu’elle renferme, « petrichor » (« fluide de la terre », en grec ancien)
Cela dit, il y a quand même une odeur tout à fait caractéristique dans l’air quand il a plu, reconnaissable et unique : c’est celle de la géosmine. C’est une substance due à une bactérie très commune dans le sol, Actinobacteria, qui se dégage lors de micro-chocs – ceux des gouttes par exemple, fort nombreuses lorsque il pleut… Cette substance est plutôt rare dans l’orgue du parfumeur, étant difficile à obtenir et à manipuler, outre que son pouvoir odoriférant est très intense : son seuil de perception est un des plus bas de toutes les molécules odorantes : L’équivalant d’une goutte dans une piscine olympique est détectable par un nez moyen. On l’utilise donc, le cas échéant, à des concentrations ultra faibles. Pour les amateurs, en simplifié : Octa-hydro-diméthyl-naphtol…
Ayant eu l’occasion de m’en procurer, j’ai créé un parfum d’ambiance qui en contient : « N36 après l’Orage », où elle est accompagnée d’odeurs de bitume mouillé, de poussière et d’ozone… Plus qu’un simple « parfum d’intérieur », une expérience olfactive étonnante… C’est ICI. Ou LÀ, avec le set découverte ÉNÉLAIR…
ÉNÉLAIR 