Familles Olfactives

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Classer les parfums est une véritable gageure. Il y a bien une classification officielle, celle de la Société Française des Parfumeurs, basée sur sept familles olfactives, mais elle n’a pas changé depuis des années. Sont venus s’ajouter des parfums très doux – dits gourmands –, et d’autres plus conceptuels (avec des notes caoutchouc, techniques, voire « electroniques »…). D’autres classifications, plus ou moins officielles, plus ou moins pertinentes, existent ; il suffit de chercher sur Internet.

Voici celle que j’utilise, qui me semble pratique et plutôt exhaustive – elle est basée sur la Palette olfactive que j’ai établie (voir LIEN) et comporte neuf familles :

1) LES FRAIS (« Eaux », principalement) ; avec ou sans note aquatique)

Notes :

  • Hespéridée (agrumes)
  • Verte
  • Aquatique
  • Epice froid
  • Aromatique
  • Fruitée (acide, type cassis ou pomme verte)
  • accord Cologne moderne (néroli-citrus +)

2) LES FLEURIS

Notes :

  • Fleurie
  • Aldéhydée (note « à effet » : brillance, pétillance, lift)
  • Poudrée (note « à effet »)

3) LES BOISES

Notes :

  • Bois chaud
  • Bois froid
  • TMR (Terre-Mousse-Racines)
  • Champêtre

4) LES CUIRS

Notes :

  • Cuir (comme accord dominant), ou tabac-fumée.

5) LES ORIENTAUX (ou « Les Chauds »)

Notes :

  • Ambrée
  • Epices chauds
  • accord Oriental

6) LES CHYPRES

Notes :

  • accord Chypre, emblématique ; on parle de « Néo Chypre » quand la mousse de chêne est absente de l’accord… (Ex : Sublime Balkiss – The Different Company ; nez : Céline Ellena)

7) LES CONFORTS / « PROPRE »

Notes :

  • Cocoon (muscs blancs, notes lactées)
  • accord Fougère
  • accord Cologne (lavandée +)

8) LES GOURMANDS

Notes :

  • Confiserie,
  • Fruitée (douce, type fruits rouges, fruits exotiques)

9) LES SPECIAUX (ou « Conceptuels »)

Notes :

  • « Spéciale » (pyrogénée, caoutchouc, chimique, technique ou « électronique », voire indéfinie…)

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Toutes les combinaisons entre les notes sont possibles pour (essayer de) caractériser une fragrance. Je dis « essayer de », car l’examen olfactif de certains parfums montre qu’on peut classer ceux-ci en fonction de sa perception propre, sans trop tenir compte de la classification officielle (à visée surtout commerciale) : sentir reste très subjectif, et les nuances sont infinies.

Exemples :

  • Hespéridée/Epicée (Eau d’Epices, d’Andy Tauer)
  • Oriental/Aquatique (Vanille marine, de Molinard)
  • Fruitée/Cocoon (Petite Chérie, d’Annick Goutal)
  • Cuir/Epicée (Eau D’Hermès)
  • Cocoon/Fleurie (Carita Eau de Parfum)
  • Chypre/Fleurie/Aldéhydée (Calèche, Hermès)
  • Fougère/Aromatique (Jules, de Dior)
  • etc.

(Illustration : ©NLR)


6 réflexions sur “Familles Olfactives

  1. Bonjour,
    Je suis parfumeur amateur (et chimiste de profession) et je vois que vous avez une liste absolument impressionnante de matières synthétiques à votre disposition. De mon côté, j’ai un mal fou à trouver des fournisseurs qui soient sérieux. Où achetez-vous vos matières synthétiques ? Pour l’instant, j’en connais quatre mais ils ont selon moi quelques défauts :
    1/ De Hekserij : ne propose pas les molécules que je recherche forcément (methyl pamplemousse, paradisamide, frambinone…etc)
    2/ hermitageoils.com : superbe site anglais avec une liste impressionnante de matières mais les prix sont absolument exorbitants (jusqu’à dix fois plus cher que De Hekserij pour certaines !)
    3/ Perfumers Apprentice USA : je n’ose pas commander chez eux parce qu’ils ne sont pas européens, je n’ai pas envie d’avoir des problèmes avec la douane française ou américaine (mais je me fais peut-être des idées)
    4/ Perfumers World Thailande : c’est un peu la même chose que le point 3/ . Peut-on être intercepté par les douanes ? En plus, les frais de transport de Thailande sont élevés ! En simulation, j’en avais plus cher de transport que de matières !!
    Merci d’avance et félicitations pour votre blog, les parfumeurs qui communiquent sont si rares !

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  2. Bonjour Jonathan.
    Bienvenue dans ce monde opaque, peu disert, et qui adore entretenir le mystère (enfin, ce qu’il en reste) 🙂 Pour trouver des personnes plus locaces quant aux arcanes de la création, il faut maîtriser l’anglais et se tourner plutôt vers les pays anglo-saxons, moins corporatistes en la matière. En France il n’y a guère que Jean-Claude Ellena pour parler assez ouvertement de son travail (mais bon, ça se comprend, sous les sunlights depuis quelques temps, il peut commencer à « parler ») Bref. Venons-en à nos moutons.

    Il est difficile de trouver des matières, surtout synthétiques, en France. A moins de montrer patte blanche et commander par kilos. Il est même devenu quasi impossible de trouver de l’alcool éthylique simple ou dénaturé « pour parfumeurs » (96°). Mais comme vous êtes chimiste vous n’aurez pas ce problème.

    • De Hekserij : maison sérieuse, qui dispose des matières principales pour débuter (naturelles et synthétiques)
    • Hermitageoils : il y a des dizaines de sites vendant sans problème des absolues, des huiles essentielles, etc. Suffit de chercher sur le web. Aroma-zone, entre autres, dispose de quelques produits intéressants et pas trop onéreux.
    • Perfumer Apprentice : Ils sont sérieux et bien fournis, mais il faut payer la douane+transport. En fait c’est le problème de tout ce qui sort de l’U.E. Reste intéressant si vous avez une commande importante (pour deux ou trois produits, ça ne vaut pas la peine).
    • Perfumers World : pas si mal. Au début j’ai commencé par eux, j’ai passé deux commandes, et n’ai pas eu de problèmes particuliers.

    En France, vous pouvez essayer PCW France, Diffusions aromatiques et BLH-PIM, sociétés qui font de la distribution de matières pour parfumeurs et aromaticiens. Si vous êtes chimiste et que vous leur expliquez ce que vous faites, ça ne devrait pas poser de problème. BLH-PIM peut vendre aussi en quantités réduites, notamment pour les indépendants qui n’ont pas besoin de « gros volumes »…

    Bon courage.

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    1. Bonjour Nicolaï,

      Je vous remercie vivement d’avoir pris le temps de me répondre et je prends note de vos conseils. Je viens de commander cette semaine des produits chez De Hekserij et chez Hermitageoils.com également car ces derniers proposent des matières synthétiques tout-à-fait intéressantes (comme le fameux paradisamide qui donne une note entre le pamplemousse et la goyave). Par contre, je confirme que leurs prix sont élevés et à mon avis pas justifiés du tout. Il va falloir que je leur envoie un message pour le leur signaler quand je me serai décidé de rouvrir mon dictionnaire d’anglais !
      Dans votre post, vous soulevez un problème très pénible pour les parfumeurs amateurs : la difficulté d’acheter de l’alcool de parfumerie (je me contente d’éthanol à 90° non dénaturé) ; pour ma part, je l’achète en pharmacie mais les pharmaciens sont très réticents aujourd’hui et me regardent toujours avec suspicion quand j’exige de l’alcool non dénaturé ! Ils me demandent toujours pour quel usage ! Cet alcool est si rare que je me le réserve uniquement pour mes essais finaux (finals ?). Pour tous les petits essais intermédiaires, j’ai trouvé une solution hyper économique : j’achète en grande surface un bidon de 5L d’alcool biologique de la marque Flamino servant pour les cheminées à l’éthanol. Il est de très bonne qualité et olfactivement, il me convient très bien car il est dénaturé « seulement » à l’alcool isopropylique. En passant c’est ce que vend Aromazone en tant qu’alcool de parfumerie mais le prix n’est absolument pas le même car mon bidon de 5L me revient à 18 euros (soit 3,6 euros le litre) ce qui n’est pas ruineux alors qu’Aromazone vend le leur dans les 3.5 euros les 250 ml ! Faites le calcul, il n’y a pas photo ! L’avantage, c’est qu’à ce prix, j’ai fait du stock chez moi et cela me permet de faire beaucoup d’essais sans trop stresser !
      Au plaisir de vous lire lors d’un prochain article !

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  3. Bonjour Nicolaï,

    Merci pour ces billets qui sont une mine d’informations pour le parfumeur amateur que je suis. Et merci aux autres lecteurs pour leurs précieux commentaires (Jonathan entre autres).

    Parmi les principales difficultés que je rencontre dans ce passe-temps il y a :

    1) L’alcool : j’utilise un alcool neutre à 95° qui coûte tout de même 18 € le litre (pays frontalier), que j’utilise pour les dilutions de mes matières (souvent à 20%). Je crois qu’on en trouve aussi en France à plus de 20 € le litre en supermarché. J’ai aussi essayé un alcool à brûler (3 ou 4 € le litre) : l’odeur est assez neutre mais il est dénaturé à l’alcool isopropylique et au surtout au bitrex (ce qui n’était pas mentionné !), ce qui, après manipulation, laisse un goût amer à tout ce que je touche… Pas terrible. J’ai hâte d’essayer l’alcool bio Flamino. S’il n’est pas dénaturé au bitrex, je m’en servirai pour les compositions intermédiaires et… la vaisselle ! A noter que sur Aroma-Zone, l’alcool proposé est dénaturé à l’alcool isopropylique et au bitrex et revient à 35 € le litre !

    2) Les matières synthétiques : aucun site en France n’en proposait (sauf ProxiSanté qui commence à s’y mettre, mais je n’ai pas étudier les prix). On commence à trouver de tout sur les sites étrangers mentionnés précédemment, à des prix divers et variés. Malgré cela, il est impossible de se procurer une matière aussi indispensable que l’héliotropine (appelé aussi pipéronal) car c’est un précurseur d’une drogue.

    3) Certaines matières naturelles. J’ai encore du mal avec certains absolus (par exemple : spruce absolute, white and black, mentionné dans le livre de Mandy Aftel). Et aussi avec l’ambre naturel : j’ai été très décu par celui de perfumer’s apprentice. Je n’ai pas essayé celui de profumo.it qui est vraiment très cher : en vaut-il la peine ?

    4) Les solvants : l’alcool très bien pour une grande majorité de matières, le DPG pas mal pour d’autres matières (mais « gras », comme déjà mentionné). Mais pour certains muscs ou absolus, ça ne suffit pas : il faut encore un autre solvant… que je n’ai pas encore trouvé.

    NB : j’ai lu dans le billet d’avril 2013 que vous aviez suivi un atelier de 2 jours consacré aux soliflores. Il m’a l’air très intéressant, mais je n’en trouve pas la trace sur internet. Pourriez-vous m’indiquer le nom de la société qui l’organise ?

    Bonne continuation !

    Ric

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    1. Bonjour, merci pour votre intérêt

      1) Oui pour l’alcool, c’est une des choses « difficiles » en France pour le parfumeur (surtout s’il n’est pas issue de la filière on va dire « standard », ou académique). Seul moyen si on a besoin d’alcool en quantités supérieures à environ 10 litres : passer par le service des douanes avec toute la traçabilité que cela implique (contrôles, notamment de savoir où va cet alcool…). Autrement, ben c’est système D. On se débrouille (et on paye plus cher car les taxes sur l’alcool sont hors de prix). Quant à l’alcool à brûler, je vous déconseille : l’odeur parasite est inappropriée pour un travail précis en olfaction.

      2) On peut se procurer chez BLH-PIM de l’Heliotropex® substitut valable olfactivement à l’héliotropine. Ils livrent en petites quantités si vous avez un numéro de siret et une commande avoisinant la centaine d’euros.

      3) Ce que vous appelez « ambre naturel » n’existe pas. C’est généralement une composition, parfois ratée, de vanille et de ciste labdanum (et leurs substituts), parfois de benjoin. Seul existe l’ambre fossile (minéral) en absolu (odeur fortement cuirée/goudron), disponible chez Eden Botanicals aux USA.

      4) Essayez le myristate d’isopropyle.

      Pour les modules de formation soliflores, c’est la société 5eme Sens, à Paris, qui les organise.

      Bon courage 🙂

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